« Questionnement sur l’éphémère en mettant en évidence le caractère illusoire et inconstant de la perception.

Le premier élément de cette série est une plaque de métal façonnée en deux parties : un cadre enserrant une sorte de miroir. L’idée de miroir est suggérée par une surface dont le blanc se nuance de vert en son milieu. La transparence de la patine permet au regard d’entrer dans une profondeur imaginaire : le spectateur est alors invité à un voyage introspectif.

La couleur blanche, translucide, me fait songer à la peinture « Haboku Sansui » de Suibokuga de Sesshu qui présente des formes à peine esquissées dans une atmosphère vaporeuse. Quant à la couleur verte, elle me rappelle les arrière-plans de Léonard de Vinci, ces lointains légèrement brumeux qu’il obtient par la technique du sfumato.
Dans cette première pièce, j’ai donc tenté de donner l’illusion de la profondeur. Elle m’a été inspirée par les tableaux de Mark Rothko: leur profondeur , suggérée sans être figurée, m’incite à une contemplation quasi matricielle. Cette sculpture de métal est aussi le souvenir d’une œuvre en marbre blanc que j’ai vue dans le musée Bargello de Florence, abîmée par les siècles, par le vent et la pluie. Ces dégâts ont donné une sorte de profondeur à la surface de marbre blanc: ils ont fait apparaître des couleurs pâles, violettes ou rouges, suggérant des vaisseaux sanguins qui semblent animer la statue d’une vie étrange. » 

Ryo Hikosaka